En dedans
Dernièrement, j'ai eu la chance d'aller visiter des gens que les député-e-s rencontrent rarement: les détenus d'une prison fédérale.
Je m’y suis rendu suite à l'invitation d'un groupe de citoyens et citoyennes engagés, certains incarcérés et d’autres non, qui travaillent ensemble pour faire connaître les enjeux auxquels font face les prisonniers dans les pénitenciers fédéraux.
C’était la première fois qu’ils recevaient la visite d’un député. Quel élu-e veut être perçu comme "soft on crime", ou du bord des criminels contre les victimes? Ce sont toujours des attaques en or de la part de la droite conservatrice qui fait de la politique partisane à bon marché. Mais comme toujours, la réalité est plus nuancée. Les personnes détenues ont des droits qui doivent être défendus et la façon dont nous gérons, collectivement, nos services correctionnels est d'intérêt public et représente un choix de société. Soit on écarte, abandonne et oublie ces personnes, soit on fait ce qu'il faut pour les réhabiliter et les réintégrer dans la société. Une bonne partie de la question se trouve là.
Pendant plus d'une heure, j'ai discuté avec une dizaine d'hommes, des jeunes et des moins jeunes. Certains sont dans le système carcéral depuis quelques années, d'autres depuis plus de 25 ans. Ils m'ont presque tous raconté la même histoire, celle d'un système qui ne fait pas assez pour les réhabiliter.
Ce que je retiens avec tout c’est leur volonté d’être formés ! Et bien formés! Ils savent que le jour où ils sortiront, ils devront rapidement se trouver du travail. Ce sera plus facile avec des cartes de compétences et des heures d'expérience reconnues. Ce qui n'est pas toujours le cas. Et les cours disponibles sont de moins en moins nombreux à cause des coupures gouvernementales. Ils déplorent les coupes dans l’éducation secondaire et post-secondaire tant en français qu’en anglais, et dans les cours professionnels tels que les cours de pâtisserie, de boucher, de maçon, de soudure ou toute formation en demande sur le marché du travail. Ils ont soif d'apprendre et savent à quel point c'est crucial dans leur cheminement. Ils ne comprennent pas qu'on leur mette des bâtons dans les roues.
Finalement, je veux les remercier de m'avoir permis d'en apprendre davantage sur les conditions dans nos centres correctionnels. Je me suis engagé à parler d'eux, car bien peu le font. Ils ne veulent pas être oubliés, ils veulent être traités et perçus comme des êtres humains d'abord et avant tout. Ils souhaitent plus que tout avoir ce qu'il faut afin de redevenir, dans nos communautés, nos voisins, nos collègues de travail et nos camarades.