Pensionnats autochtones : une affaires de tous
(source pour la carte: https://bit.ly/3w2qCDy)
Il y a quelques jours, j’ai partagé un tweet de ma collègue néo-démocrate Mumilaaq Qaqqaq qui montrait une carte de tous les pensionnats autochtones à travers le pays. Ç’a été noté dans les commentaires sur Facebook (oui, je lis les commentaires sur ma page) que la carte ne tenait pas compte de tous les établissements qui opéraient en réalité au Québec. Et c’était absolument vrai. J’ai donc décidé de créer ma propre carte pour le Québec.
Dans les années 80, d’anciens élèves de pensionnats indiens lancent des poursuites judiciaires contre le gouvernement fédéral et les églises afin de les obliger de reconnaître les abus commis par ces derniers. En 1998, Ottawa fait une Déclaration de réconciliation, dans laquelle on reconnaît les sévices endurés et on établit la Fondation autochtone de guérison. En 2003, un recours collectif est entamé pour dédommager les anciens élèves touchés et leur procurer un soutien psychologique. Le 19 septembre 2007, la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens (CRRPI), le plus important règlement de recours collectif de l’histoire canadienne, rentre en vigueur. On estime qu’environ 80 000 à 90 000 anciens élèves sont touchés par cette convention.
Le hic? Seulement certains établissements qui étaient sous juridiction fédérale sont retenus dans la convention. Tous les établissements qui étaient opérés par les gouvernements provinciaux ou par des organismes privés/religieux ne pouvaient pas figurer dans les cas de dédommagement.
Aujourd’hui, le 30 juin, le mois national de l’Histoire autochtone tire à sa fin. Il y a quelques heures, une autre fosse commune remplie des dépouilles de 182 enfants autochtones a été découverte en Colombie-Britannique.
Dans les dernières semaines, j’ai souvent entendu ou lu des commentaires de Québécois.e.s qui pleurent ces découvertes, mais qui, du même souffle, mettent toute la responsabilité de ce génocide sur le dos d’Ottawa, sur le ROC… comme si, nous, Québécois.e.s, serions irréprochables.
Regardez cette carte. On y retrouve en tout 195 établissements: des écoles primaires, des polyvalentes, des couvents, des hôpitaux, des foyers d’accueil…
Pendant des décennies, des milliers de membres des 11 nations autochtones sur le territoire du Québec sont passés dans ces établissements-là. Est-ce que tous ces lieux ont fait partie du génocide envers leurs communautés? Non, absolument pas.
Toutefois, si l’établissement figure sur cette carte, c’est parce qu’à un moment donné, il y a eu un enfant ou un adolescent qui a été déraciné de sa communauté pour fréquenter ces lieux et qui a subi une expérience tellement négative et traumatisante, qu’il cherchait de l’aide auprès du gouvernement. Dans les cas les plus atroces, il y a des élèves qui ne sont jamais retournés chez eux. Dans les cas les “moins pires”, ils ont été victimes d’un racisme sans gêne, de harcèlement et d’indifférence.
Les Québécois sont une nation fière, rattachés à notre culture et notre histoire unique. Mais ce chapitre-ci est passé sous silence depuis beaucoup trop longtemps.
Demain, c’est le 1er juillet. C’est vrai, on ne fête pas ça fort fort au Québec. Cette année, par contre, prenez un moment pour penser à ces milliers d’enfants autochtones qui sont morts, mais aussi aux survivants et à leurs familles. Et pour réfléchir au travail nécessaire pour une vraie réconciliation.